dimanche 17 février 2013

Pétition pour les prisons de Forest et St-Gilles

Note : La pétition est cloturée et a été déposée à l'administration. Il n'est plus nécessaire de nous renvoyer des signatures. Merci pour votre aide.

Avec le déménagement prévu des prisons de Saint-Gilles et Forest à Haren, cela fait quelques temps que nous nous inquiétons du sort des bâtiments de ces deux prisons historiques une fois le transfert des détenus effectué. Notre inquiétude est d’autant plus grande que les déclarations des responsables politiques ne sont pas très claires à ce sujet. Va-t-on tenter de valoriser les terrains au maximum en faisant à peu près table rase des bâtiments ? Ou bien une véritable réflexion sur l’intérêt, la protection et la ré-affectation de ce patrimoine va-t-elle avoir lieu préalablement ?

L’échéance du transfert des détenus n’est pas proche vu que le projet de construction de la prison de Haren est encore au stade de la définition du programme. Cependant, l’absence de débat public ou d’annonce sur l’avenir des prisons historiques de St-Gilles (construite en 1878-1884) et Forest (construite en 1901-1910) est plutôt inquiétant. Va-t-on une fois de plus mettre la charrue avant les bœufs et vendre les bâtiments et voir des appels à projets apparaître avant qu’une simple étude du patrimoine présent ait même eu lieu ?

Pour palier à cela, Pétitions-Patrimoine a décidé de lancer une pétition de classement pour le site des deux prisons de St-Gilles et Forest.

L'intérêt des prisons

L'entrée de la prison de St-Gilles (carte postale ancienne)

Du point de vue architectural et urbain, force est de constater la valeur exceptionnelle du double complexe carcéral de Saint Gilles (1878-1884) et  de Forest (1901-1910). Notons tout d’abord que l’enfilade des deux prisons, prévue dès le départ par Victor Besme au sein de son Plan d’ensemble pour l’extension et l’embellissement de l’agglomération bruxelloise (1866) constitue un cas d’école unique en Europe. La vétusté et l’impopularité de l’ensemble joue hélas en sa défaveur et en occulte les valeurs intrinsèques. La qualité est pourtant réellement au rendez-vous  et ne se limite pas qu’aux seuls « châtelets d’entrée ».  Loin de là. Comme bon nombre d’édifices érigés au XIXe siècle, les architectes Joseph Jonas Dumont, François Derré (St-Gilles) et Bouckaert (Forest) se sont appliqués à donner à leur projet une véritable cohérence d’ensemble. Evoquant l’architecture religieuse ou militaire tardo-médiévale, un style gothique de pierre, de fer et de verre, accompagne quiconque pénètre dans les prisons depuis l’entrée jusqu’au cœur des édifices. Une véritable scénographie architecturale, subtile et savante associe l’esthétique et la symbolique à la modernité et l’efficacité du programme.

Vue sur la partie centrale de la prison de St-Gilles

Chacun des deux complexes adopte un plan rayonnant : cinq branches à St Gilles, quatre à Forest. Ce plan caractéristique du système cellulaire s’inspire de principes développés par d’imminents criminologues anglais et américains de l’époque et dont la prison de Pentonville en Angleterre constituait l’archétype. Au centre du complexe St-Gillois, la plus grande prison du pays, trône l’imposante chapelle. Celle-ci, implantée sur le point le plus haut de la commune, est exceptionnelle tant par ses proportions et ses volumes que par son plan centré particulier.


La prison de Forest

A Forest la chapelle occupe aussi le centre de la prison. Un très bel éventail de grandes fenêtres ogivales marque également son emplacement à la réunion des cinq ailes, au cœur de l’édifice. Si le portail massif de St Gilles fait référence au style Tudor d’origine anglaise, vingt ans plus tard l’architecte Bouckaert préféra s’inspirer de l’architecture brabançonne pour l’élévation des élégantes façades de la prison de Forest. Cet ensemble, qui fait penser, à s’y méprendre, à un beau manoir du XVIe siècle, et malgré qu’il ne profite pas du même dégagement que la façade de la prison de St Gilles, n’en est pas moins plastiquement très abouti.

L'intérieur de la chapelle de la prison de Forest conserve des éléments de grande qualité

Vue aérienne du centre de la prison de Forest (© 2013 BLOM © 2013 Microsoft Corporation)

Pourquoi classer ?

Sans doute y a-t-il sur ces sites des bâtiments et aménagements plus récents qu’il ne faudrait pas maintenir mais, faute d’accès facile derrière les murs (on comprend pourquoi), il est difficile de se faire une idée précise de ce qui vaut la peine d’être conservé et de ce qui pourrait disparaître.

C’est justement pour avoir cet inventaire et étude précise du patrimoine intéressant des sites que nous lançons cette pétition. Pour que le débat sur la qualité et le maintien de ce vaste patrimoine soit ouvert et public. En effet, depuis la modification du CoBAT en 2009, la portée de la pétition de classement a été largement réduite, la Région n’ayant plus aucune obligation d’ouvrir une procédure de classement. L’expérience récente de la salle Vermeulen est là pour le confirmer. Toutefois, dans le cas présent, la pétition garde l’intérêt d’obliger à ce que la CRMS rende un avis sur la demande de classement et, donc, sur l’intérêt du patrimoine présent. Une étude de ce patrimoine devra donc avoir lieu et pourra être rendue publique. De plus, le Gouvernement régional devra aussi se prononcer publiquement sur le classement. Il y aura donc un débat qui pourra être rendu publique sur la manière dont l’autorité régionale compte prendre en compte le patrimoine sur ces sites, ceci, avant qu’ils soient vidés.

Signer et faire signer la pétition

La feuille de pétition au format PDF est téléchargeable en cliquant ici

Les instructions pour la remplir se trouvent en page 2 du document. Rappelons qu’il est impossible de réaliser une pétition conforme au CoBAT par voie électronique (pas de signature en ligne). Dès lors, il faut impérativement imprimer les feuilles de pétition, les faire remplir à la main et nous les renvoyer avant la fin mars à :

Pétitions-Patrimoine
Rue du Marteau 19
1000 Bruxelles


Merci d’avance pour vos efforts.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Mon père résistant a été emprisonné en 1942-1943 à la prison de Saint-Gilles avant d'être déporté en Allemagne comme Nacht und Nebel. Je travaille à proximité de la prison et suis profondément choqué par l'absence de classement de ce haut lieu des mémoires patriotiques belges en 1914-1918 et 1940-1945. Cette prison désaffectée serait le site idéal pour un véritable mémorial et un musée d'histoire honorant la mémoire des dizaines de milliers de résistants à l'occupation de notre pays qui durant les deux guerres mondiales furent détenus dans cette prison, qui par ailleurs représente un patrimoine précieux de l'architecture du dix-neuvième siècle. Comment une ville dont les autorités se montrent le plus souvent incapables de préserver les lieux de mémoire peut-elle vraiment être la capitale d'une Europe démocratique unie dans la richesse de ses diversités ?
A. Erecinski

Anonyme a dit…

Classer les bâtiments c'est très bien! Mais pour quel usage et pour qui? Si c'est pour accueillir des eurocrates dans des lofts à 2.000 € de loyer, ou pour créer un xième centre culturel de prestige largement subventionné par nos contributions, pour moi, qui habite en face, on peut aussi bien les raser.
Mais si c'est pour profiter de cette belle architecture pour enfin pallier à la cruelle carence de logements publics et sociaux, ou bâtir une école digne de ce nom, alors, je signe des deux mains, dès aujourd'hui

Pétitions-Patrimoine a dit…

@ Anonyme

Le volonté de protéger le patrimoine préalablement à tout projet sur le site ne préjuge pas de ce qui pourrait/devrait y être fait. Une école serait tout à fait envisageable (à Hasselt, l'ancienne prison est utilisée par la faculté de Droit).

Le débat sur la ré-affectation reste ouvert tout comme on pourrait aussi se demander si le déménagement des prisons est bien nécessaire et, parmi d'autres considérations, améliorera les conditions de détention (en tout cas, pas l'accès aux visiteurs).