jeudi 21 juin 2012

La Maison Hap - A l'abandon - 05

La série « A l’abandon » a pour but de mettre en lumière certains bâtiments laissés manifestement à l’abandon depuis quelques temps. Il ne s’agit pas spécialement de bâtiments pour lesquels Pétitions-Patrimoine a entrepris une action spécifique, bien que, si c’est le cas, nous l’indiquerons. Il ne s’agit pas non plus toujours de bâtiment faisant l’objet d’une menace directe. Non, il s’agit, ici, de dresser un simple constat et de se demander pourquoi des bâtiments d’une telle qualité architecturale sont laissés anormalement vides pendant plusieurs mois ou années.

Si vous même, vous connaissez un cas d'immeuble de qualité laissé à l'abandon, n'hésitez pas à nous en faire part. Contactez-nous

Chaussée de Wavre 308 à Etterbeek

Un bien triste spectacle se présente à nous lorsque nous remontons la chaussée de Wavre vers la Chasse, à Etterbeek.

Juste avant le Jardin Félix Hap, deux hôtels de maîtres du XIXe siècle présentent leurs façades décrépies. Le plus vastes d'entre eux (n° 508) est précédé de barrières de protection. En effet, depuis le dernier hiver, plusieurs consoles de la corniche se sont effondrées sur le trottoir.

Cet édifice, pourtant, est classé. Il appartient, ainsi que le jardin, à la Commune d'Etterbeek, qui l'a reçu en legs des derniers héritiers de la lignée Hap. Le jardin, reconnaissons-le, est entretenu avec soin, et géré de façon à associer harmonieusement le souci de conserver son caractère historique et d'y accueillir la biodiversité. Il en va tout autrement de l'immeuble.

La maison Hap en 1994 (© MRBC-DMS)

Une histoire qui remonte au XVIe siècle

L'ensemble, pourtant, est reconnu pour sa valeur historique. Dès le XVIe siècle, s'y dressait un castel - dont il reste une ruine dans le jardin - au creux de la vallée du Broebelaar. Ce ruisselet an nom un peu irrévérencieux (broubeler signifie marmonner en bruxellois), était alimenté par des sources abondantes, aux eaux si pures, qu'en 1601, les Archiducs Albert et Isabelle les firent capter pour les fontaines de la Warande, jardins du Palais du Coudenberg, leur résidence. Ils firent bâtir un aqueduc acheminant les eaux vers Saint-Josse-ten-Noode, où une machine hydraulique les élevait vers une tour hydraulique bâtie sur les murs de la ville.

En 1804, sous le régime français donc, Albert-Joseph Hap, maire d'Etterbeek achète le domaine. Il sera le premier d'une lignée de notables locaux, industriels (tanneries et brasserie), puis notaires, bourgmestres à leurs heures…

En 1859, François-Louis Hap obtient l'autorisation de construire la maison actuelle. Celle-ci sera agrandie et transformée par l'architecte Thoelen en 1905.

A l'intérieur, au rez-de-chaussée, on découvre l'ancienne étude, avec ses guichets en bois et son vitrail Art Nouveau, ainsi que les salons d'apparat, dont le central est décorée de six peintures murales dues à Edouard Navez (1840 - 1910). Réalisées vers 1890, elles représentent d'anciennes vues d'Etterbeek : l'ancienne église Sainte-Gertrude, le moulin à vent de la Chasse, l'ancienne ferme Servaes, etc.

Les plafonds à caisson, les papiers peints d'origine… ont aussi quelque intérêt.

Laissée à l’abandon par la Commune depuis près de cinq ans

La maison Hap - état actuel

Elle fut un temps occupée par un collectif d'artistes, à titre précaire. Lorsque la Commune est entrée en possession du bâtiment, elle fit procéder à leur expulsion. Depuis, l'immeuble est vide. Et son état préoccupant. La façade arrière s'affaisse, elle semble connaître des problèmes d'humidité. En 2008, Pétitions-Patrimoine, inquiet de l’inoccupation du bien, avait interpellé la Commune et la Région à son sujet. La Commune avait répondu en expliquant les mesures prises en vue de combattre l’instabilité et la mérule mais notre inquiétude quant à la dégradation possible de la maison restait grande face à l’absence de plan pour sa ré-affectation. Hélas, quatre ans plus tard, nos craintes se confirment.

Des éléments de la corniche s'éffondrent

L'arrière de la maison n'est pas sans problèmes...

...avec des boiseries qui pourrisent faute d'entretien...

...des ferroneries qui rouillent et se déforment en faisant éclater la pierre...

...et, plus grave encore, la partie arrière du bâtiment qui s'affaisse et se détache du reste.

Restaurer le bâtiment coûtera cher, certes, et la Commune d'Etterbeek ne roule sans doute pas sur l'or. Néanmoins, elle a reçu en héritage un bien d'une valeur historique certaine, et pourrait imaginer, en synergie avec le monde associatif local, une affectation qui combinerait des activités citoyennes, culturelles avec des activités plus rémunératrices (location de salles)…

Plus elle attend, plus cher coûtera la réhabilitation. Et puis, il conviendrait à un pouvoir public de se montrer exemplaire en terme de gestion d'un patrimoine d'une telle valeur.

L'hôtel de maître est classé comme Monument depuis le 9/03/1995. Le Jardin Jean Félix Hap a fait l'objet d'un Classement comme site le 29/06/2000.

Dans la même série, voir aussi :
A l'abandon - 01 (boulevard Wahis, 35)
A l'abandon - 02 (boulevard Jaspar 102 et 103)
A l'abandon - 03 (chaussée d’Alsemberg 323)
A l'abandon - 04 (rue Paul Devigne 5)

jeudi 7 juin 2012

A l'abandon - 04

La série « A l’abandon » a pour but de mettre en lumière certains bâtiments laissés manifestement à l’abandon depuis quelques temps. Il ne s’agit pas spécialement de bâtiments pour lesquels Pétitions-Patrimoine a entrepris une action spécifique, bien que, si c’est le cas, nous l’indiquerons. Il ne s’agit pas non plus toujours de bâtiment faisant l’objet d’une menace directe. Non, il s’agit, ici, de dresser un simple constat et de se demander pourquoi des bâtiments d’une telle qualité architecturale sont laissés anormalement vides pendant plusieurs mois ou années.

Si vous même, vous connaissez un cas d'immeuble de qualité laissé à l'abandon, n'hésitez pas à nous en faire part. Contactez-nous

Rue Paul Devigne 5 à Schaerbeek

Dans la foulée de notre précédent article, voici un nouvel exemple d’une belle maison de ville laissée à l’abandon. Nous sommes au n° 5 de la rue Paul Devigne à Schaerbeek où nous trouvons une maison Art Nouveau qui ne manque pas de caractère. Sa simple façade cimentée sur soubassement de pierre bleue est rehaussée de beaux éléments typiquement Art Nouveau. On remarquera aussi particulièrement sa fenestration variée, les ferronneries de son balcon et le dessin subtil et soigné de l’ensemble de ses boiseries (portes et fenêtres). La maison est due à l’architecte Bartholeyns. Ce dernier ne nous est connu que pour l’ensemble de maisons éclectiques mêlant les styles Beaux-Art et Art Déco construites en 1923 à l’angle des rues Van Hammée 53 à 61 et Albert De Latour 56 à 64 à Schaerbeek.

Une maison arrivée intact jusqu'à nous

La maison est abandonnée depuis deux ou trois ans. Nous espérons qu’il s’agit ici d’une situation qui ne perdurera plus trop longtemps. Toutefois, face à ce type de patrimoine arrivé intact jusqu’à nous, il faut toujours craindre que sa « reprise en main » par un nouveau propriétaire ne s’apparente à un dur réveil traumatisant (voir le cas du 4, av. Rogier) et qu’une rénovation intempestive vienne mettre à mal les châssis et boiseries qui font tout l’intérêt de cette maison.

Dans la même série, voir aussi :
A l'abandon - 01 (boulevard Wahis, 35)
A l'abandon - 02 (boulevard Jaspar 102 et 103)
A l'abandon - 03 (chaussée d’Alsemberg 323)

A l'abandon - 03

La série « A l’abandon » a pour but de mettre en lumière certains bâtiments laissés manifestement à l’abandon depuis quelques temps. Il ne s’agit pas spécialement de bâtiments pour lesquels Pétitions-Patrimoine a entrepris une action spécifique, bien que, si c’est le cas, nous l’indiquerons. Il ne s’agit pas non plus toujours de bâtiment faisant l’objet d’une menace directe. Non, il s’agit, ici, de dresser un simple constat et de se demander pourquoi des bâtiments d’une telle qualité architecturale sont laissés anormalement vides pendant plusieurs mois ou années.



Si vous même, vous connaissez un cas d'immeuble de qualité laissé à l'abandon, n'hésitez pas à nous en faire part. Contactez-nous

Chaussée d’Alsemberg 323 à Forest

Pour cette troisième étape de notre série « A l'abandon », nous nous retrouvons à Forest, au 323 chaussée d’Alsemberg, pas loin de la place Albert. Nous y trouvons une jolie maison de ville datant probablement du début du XXe siècle. Son style emprunte quelques éléments Art Nouveau (corniche, jeu de briques colorées), mêlés à des éléments plus pittoresques comme le soubassement en moellons.


A l'abandon depuis plus de dix ans

La maison est abandonnée depuis plus d’une dizaine d’années et, malheureusement, commence à souffrir de la situation : les ferronneries du balcon ont disparues, des traces d’infiltrations sont visibles sur la façade, des plantes prennent racines et l’ensemble des boiseries devraient être repeintes au plus vite.

Le garde-corps du balcon a disparu et diverses dégradations apparaissent

Récemment, des barrières Nadar ont été posées devant la maison et la porte d’entrée a été grossièrement renforcée.

Porte d'entrée

Le dessin de corniche ne manque pas de cachet

Dans la même série, voir aussi :

A l'abandon - 01 (boulevard Wahis, 35)
A l’abandon - 02 (boulevard Jaspar 102 et 103)