Affichage des articles dont le libellé est Art Nouveau. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Art Nouveau. Afficher tous les articles

samedi 4 mai 2013

Un Dewin méconnu menacé

Jusqu’au 6 mai, est à l’enquête publique une demande de « Transformation d’une ancienne clinique en hôtel » à Saint-Josse (rue Marie-Thérèse 98 – 102). Celle-ci cache en fait la démolition d’un bâtiment remarquable, une superbe réalisation du célèbre architecte Art Nouveau et spécialiste des établissement hospitaliers : Jean-Baptiste Dewin. Le projet prévoit la rénovation du n° 102 mais le n° 98 est voué à la démolition. Ce bâtiment atypique date de 1920-1921 et est une extension de la clinique privée du Dr Verhoogen construite, elle aussi, par Dewin en 1907 juste à coté aux 100-102. Pour nous, une telle démolition est impensable car ce bâtiment mérite le classement !


Le 98, rue Marie-Thérèse

Le bâtiment est implanté en longueur, face à la cour arborée (© MRBC-DMS, 1993-1995)

L’architecte, « Jean-Baptiste Dewin, (1873-1948) se révélera peut-être le plus original des architectes de l’Art Nouveau belge après Horta et Hankar », dixit Jean Morjan in L’Académie et l’Art Nouveau, 1996. En effet, l’architecture de Dewin, d’un style géométrique dénué de toute distraction décorative et influencé par le japonisme (notamment en ce qui concerne la division des fenêtres), Paul Hankar et la Sécession Viennoise, se révèle aujourd’hui comme un précurseur direct de l’Art Déco. Fait rare, Dewin a ainsi construit essentiellement dans un style très cohérent depuis ses débuts en 1898 jusqu’aux années 1930. La sobriété de ses façades traduit les principes fondateurs de l’Art Nouveau (influencé par le mouvement Arts and Crafts anglais et le japonisme) et suit le message véhiculé par Victor Horta qui plaida en faveur de façades sobres, l’exubérance décorative étant réservée aux intérieurs.

Jean-Baptiste Dewin, pionnier de l’Art Nouveau et de l’Art Déco est un architecte très important réalisant une sorte de synthèse et une passerelle entre ces deux styles. Plusieurs de ses œuvres sont aujourd’hui classées. Formé notamment par Georges Hobé, il fut président de la Société Centrale d’Architecture (la SCAB) et du Xe congrès International des Architectes. Des figures incontournables de l’Art Déco et du modernisme bruxellois tels Louis Herman De Koning, Jean-Jules Eggerickx, Jacques Obozinski, François Van Meulecom ont été stagiaires chez Dewin. Il s’est spécialisé dans la construction d’hôtels de maître, de cliniques (dont l'Institut chirurgical Berkendael, place Brugmann) et de bâtiments publics (dont la Maison Communale de Forest, classée). Nous devons malheureusement déplorer la démolition de son chef-d’œuvre Art Déco, la rédaction et l’imprimerie de Het Laatste Nieuws, boulevard E. Jacqmain, au début des années 1980.

L'ancien Institut chirurgical Berkendael (© MRBC-DMS, 2006)
L'ancien Institut pour le traitement des maladies des yeux (© MRBC-DMS, 1994)

Spécialiste des cliniques et établissements hospitaliers, il construisit en 1903 pour le docteur Depage une clinique 29 place Brugmann (Institut chirurgical Berkendael). Il réalisa ensuite neuf constructions hospitalières dans la capitale : l'institut ophtalmologique, rue des Vétérinaires, 23 (1912) ; l’Institut pour le traitement des maladies des yeux, avenue de Tervueren 68 (1912) ; l'Ecole belge d'infirmières, rue de l'Ecole (1913) ; la Polyclinique dentaire du Dr Rosenthal, chaussée d'Etterbeek 166 (1913) ; l'Institut Longchamp, avenue Winston Churchill 255 (1914) et la Clinique du Dr Verhoogen, rue Marie Thérèse 98 (1921). Sa carrière est couronnée par la construction de l'hôpital Saint-Pierre, rue Haute (1926-32), où sa vision rationnelle de l'architecture hospitalière aboutit à la conception d'une clinique adaptée à la médecine moderne et qui s'inscrit parfaitement dans le tissu urbain.

Rue Marie-Thérèse : la porte d'entrée

Rue Marie-Thérèse : détail de la corniche

Le petit bâtiment de la rue Marie-Thérèse, représentatif de son style soigné, présente une typologie particulière par son implantation en longueur, perpendiculaire à la rue. Il possède une architecture très intéressante ainsi que des éléments décoratifs remarquables (vitraux, ferronneries, boiseries). Il est actuellement utilisé comme logement et, selon certains anciens habitants, des éléments décoratifs d’origine pourraient encore être présents à l’intérieur. Pour la petite histoire, c’est là que le fameux peintre symboliste Fernand Khnopff est décédé en 1921. Pour Pétitions-Patrimoine, avant tout projet visant à transformer (et à fortiori à démolir) le bâtiment, il est indispensable que des experts du service des Monuments et Sites visitent ce lieu au plus vite afin d’en proposer le classement sans attendre.

jeudi 9 août 2012

A l'abandon - 06

La série « A l’abandon » a pour but de mettre en lumière certains bâtiments laissés manifestement à l’abandon depuis quelques temps. Il ne s’agit pas spécialement de bâtiments pour lesquels Pétitions-Patrimoine a entrepris une action spécifique, bien que, si c’est le cas, nous l’indiquerons. Il ne s’agit pas non plus toujours de bâtiment faisant l’objet d’une menace directe. Non, il s’agit, ici, de dresser un constat et de se demander pourquoi des bâtiments d’une telle qualité architecturale sont laissés anormalement vides pendant plusieurs mois ou années.

Si vous même, vous connaissez un cas d'immeuble de qualité laissé à l'abandon, n'hésitez pas à nous en faire part. Contactez-nous
 
Rue Lambert Crickx 14 à Anderlecht

Ce bâtiment ouvert à tout vent est situé dans le quartier de Cureghem à Anderlecht et nous a été signalé par une voisine. Il s’agit d’un intéressant petit immeuble à appartement sur rez-de-chaussée commercial. De style éclectique, il incorpore divers éléments Art Nouveau : sgraffites, taille de certaines pierres bleues, petites consoles de corniche. L’intérêt de cet immeuble réside aussi dans le dessin soigné de sa façade qui par ses retraits et divisions met en exergue la verticalité du bâtiment.

L’immeuble date probablement des années 1910, époque où la rue fut tracée à l’emplacement de l’ancienne Ecole Vétérinaire qui déménagea, non loin de là, à l’emplacement qu’on lui connaît actuellement à la bien nommée rue des Vétérinaires. Malheureusement, ce bâtiment remarquable et classé constitue aujourd'hui aussi un beau cas d'abandon, mais c'est une autre histoire...

Le triste état actuel de la façade

L’immeuble semble abandonné depuis plusieurs années mais, à notre connaissance, était encore en bon état avec ses fenêtres intactes à la mi-2009. Il semble donc avoir subi des dégradations relativement récentes et le fait de voir une bonne partie des fenêtres brisées indique un acte de vandalisme délibéré qui risque d’accélérer la ruine du bâtiment. Quoi qu’il en soit, on peut en tout cas craindre que, comme souvent, les boiseries et châssis seront les premiers à souffrir du manque de protection et d’entretien et seront les premiers à être sacrifiés si une rénovation peu réfléchie intervient. Il serait particulièrement dommage de voir disparaître les châssis d’origines dont la fine division des impostes joue un rôle important dans l’esthétique de la façade.

Dans la même série, voir aussi :
A l'abandon - 01 (boulevard Wahis, 35)
A l’abandon - 02 (boulevard Jaspar 102 et 103)
A l’abandon - 03 (chaussée d’Alsemberg 323)
A l'abandon - 04 (rue Paul Devigne 5)
A l’abandon - 05 (chaussée de Wavre 308 – Maison Hap)

jeudi 21 juin 2012

La Maison Hap - A l'abandon - 05

La série « A l’abandon » a pour but de mettre en lumière certains bâtiments laissés manifestement à l’abandon depuis quelques temps. Il ne s’agit pas spécialement de bâtiments pour lesquels Pétitions-Patrimoine a entrepris une action spécifique, bien que, si c’est le cas, nous l’indiquerons. Il ne s’agit pas non plus toujours de bâtiment faisant l’objet d’une menace directe. Non, il s’agit, ici, de dresser un simple constat et de se demander pourquoi des bâtiments d’une telle qualité architecturale sont laissés anormalement vides pendant plusieurs mois ou années.

Si vous même, vous connaissez un cas d'immeuble de qualité laissé à l'abandon, n'hésitez pas à nous en faire part. Contactez-nous

Chaussée de Wavre 308 à Etterbeek

Un bien triste spectacle se présente à nous lorsque nous remontons la chaussée de Wavre vers la Chasse, à Etterbeek.

Juste avant le Jardin Félix Hap, deux hôtels de maîtres du XIXe siècle présentent leurs façades décrépies. Le plus vastes d'entre eux (n° 508) est précédé de barrières de protection. En effet, depuis le dernier hiver, plusieurs consoles de la corniche se sont effondrées sur le trottoir.

Cet édifice, pourtant, est classé. Il appartient, ainsi que le jardin, à la Commune d'Etterbeek, qui l'a reçu en legs des derniers héritiers de la lignée Hap. Le jardin, reconnaissons-le, est entretenu avec soin, et géré de façon à associer harmonieusement le souci de conserver son caractère historique et d'y accueillir la biodiversité. Il en va tout autrement de l'immeuble.

La maison Hap en 1994 (© MRBC-DMS)

Une histoire qui remonte au XVIe siècle

L'ensemble, pourtant, est reconnu pour sa valeur historique. Dès le XVIe siècle, s'y dressait un castel - dont il reste une ruine dans le jardin - au creux de la vallée du Broebelaar. Ce ruisselet an nom un peu irrévérencieux (broubeler signifie marmonner en bruxellois), était alimenté par des sources abondantes, aux eaux si pures, qu'en 1601, les Archiducs Albert et Isabelle les firent capter pour les fontaines de la Warande, jardins du Palais du Coudenberg, leur résidence. Ils firent bâtir un aqueduc acheminant les eaux vers Saint-Josse-ten-Noode, où une machine hydraulique les élevait vers une tour hydraulique bâtie sur les murs de la ville.

En 1804, sous le régime français donc, Albert-Joseph Hap, maire d'Etterbeek achète le domaine. Il sera le premier d'une lignée de notables locaux, industriels (tanneries et brasserie), puis notaires, bourgmestres à leurs heures…

En 1859, François-Louis Hap obtient l'autorisation de construire la maison actuelle. Celle-ci sera agrandie et transformée par l'architecte Thoelen en 1905.

A l'intérieur, au rez-de-chaussée, on découvre l'ancienne étude, avec ses guichets en bois et son vitrail Art Nouveau, ainsi que les salons d'apparat, dont le central est décorée de six peintures murales dues à Edouard Navez (1840 - 1910). Réalisées vers 1890, elles représentent d'anciennes vues d'Etterbeek : l'ancienne église Sainte-Gertrude, le moulin à vent de la Chasse, l'ancienne ferme Servaes, etc.

Les plafonds à caisson, les papiers peints d'origine… ont aussi quelque intérêt.

Laissée à l’abandon par la Commune depuis près de cinq ans

La maison Hap - état actuel

Elle fut un temps occupée par un collectif d'artistes, à titre précaire. Lorsque la Commune est entrée en possession du bâtiment, elle fit procéder à leur expulsion. Depuis, l'immeuble est vide. Et son état préoccupant. La façade arrière s'affaisse, elle semble connaître des problèmes d'humidité. En 2008, Pétitions-Patrimoine, inquiet de l’inoccupation du bien, avait interpellé la Commune et la Région à son sujet. La Commune avait répondu en expliquant les mesures prises en vue de combattre l’instabilité et la mérule mais notre inquiétude quant à la dégradation possible de la maison restait grande face à l’absence de plan pour sa ré-affectation. Hélas, quatre ans plus tard, nos craintes se confirment.

Des éléments de la corniche s'éffondrent

L'arrière de la maison n'est pas sans problèmes...

...avec des boiseries qui pourrisent faute d'entretien...

...des ferroneries qui rouillent et se déforment en faisant éclater la pierre...

...et, plus grave encore, la partie arrière du bâtiment qui s'affaisse et se détache du reste.

Restaurer le bâtiment coûtera cher, certes, et la Commune d'Etterbeek ne roule sans doute pas sur l'or. Néanmoins, elle a reçu en héritage un bien d'une valeur historique certaine, et pourrait imaginer, en synergie avec le monde associatif local, une affectation qui combinerait des activités citoyennes, culturelles avec des activités plus rémunératrices (location de salles)…

Plus elle attend, plus cher coûtera la réhabilitation. Et puis, il conviendrait à un pouvoir public de se montrer exemplaire en terme de gestion d'un patrimoine d'une telle valeur.

L'hôtel de maître est classé comme Monument depuis le 9/03/1995. Le Jardin Jean Félix Hap a fait l'objet d'un Classement comme site le 29/06/2000.

Dans la même série, voir aussi :
A l'abandon - 01 (boulevard Wahis, 35)
A l'abandon - 02 (boulevard Jaspar 102 et 103)
A l'abandon - 03 (chaussée d’Alsemberg 323)
A l'abandon - 04 (rue Paul Devigne 5)

jeudi 7 juin 2012

A l'abandon - 04

La série « A l’abandon » a pour but de mettre en lumière certains bâtiments laissés manifestement à l’abandon depuis quelques temps. Il ne s’agit pas spécialement de bâtiments pour lesquels Pétitions-Patrimoine a entrepris une action spécifique, bien que, si c’est le cas, nous l’indiquerons. Il ne s’agit pas non plus toujours de bâtiment faisant l’objet d’une menace directe. Non, il s’agit, ici, de dresser un simple constat et de se demander pourquoi des bâtiments d’une telle qualité architecturale sont laissés anormalement vides pendant plusieurs mois ou années.

Si vous même, vous connaissez un cas d'immeuble de qualité laissé à l'abandon, n'hésitez pas à nous en faire part. Contactez-nous

Rue Paul Devigne 5 à Schaerbeek

Dans la foulée de notre précédent article, voici un nouvel exemple d’une belle maison de ville laissée à l’abandon. Nous sommes au n° 5 de la rue Paul Devigne à Schaerbeek où nous trouvons une maison Art Nouveau qui ne manque pas de caractère. Sa simple façade cimentée sur soubassement de pierre bleue est rehaussée de beaux éléments typiquement Art Nouveau. On remarquera aussi particulièrement sa fenestration variée, les ferronneries de son balcon et le dessin subtil et soigné de l’ensemble de ses boiseries (portes et fenêtres). La maison est due à l’architecte Bartholeyns. Ce dernier ne nous est connu que pour l’ensemble de maisons éclectiques mêlant les styles Beaux-Art et Art Déco construites en 1923 à l’angle des rues Van Hammée 53 à 61 et Albert De Latour 56 à 64 à Schaerbeek.

Une maison arrivée intact jusqu'à nous

La maison est abandonnée depuis deux ou trois ans. Nous espérons qu’il s’agit ici d’une situation qui ne perdurera plus trop longtemps. Toutefois, face à ce type de patrimoine arrivé intact jusqu’à nous, il faut toujours craindre que sa « reprise en main » par un nouveau propriétaire ne s’apparente à un dur réveil traumatisant (voir le cas du 4, av. Rogier) et qu’une rénovation intempestive vienne mettre à mal les châssis et boiseries qui font tout l’intérêt de cette maison.

Dans la même série, voir aussi :
A l'abandon - 01 (boulevard Wahis, 35)
A l'abandon - 02 (boulevard Jaspar 102 et 103)
A l'abandon - 03 (chaussée d’Alsemberg 323)

A l'abandon - 03

La série « A l’abandon » a pour but de mettre en lumière certains bâtiments laissés manifestement à l’abandon depuis quelques temps. Il ne s’agit pas spécialement de bâtiments pour lesquels Pétitions-Patrimoine a entrepris une action spécifique, bien que, si c’est le cas, nous l’indiquerons. Il ne s’agit pas non plus toujours de bâtiment faisant l’objet d’une menace directe. Non, il s’agit, ici, de dresser un simple constat et de se demander pourquoi des bâtiments d’une telle qualité architecturale sont laissés anormalement vides pendant plusieurs mois ou années.



Si vous même, vous connaissez un cas d'immeuble de qualité laissé à l'abandon, n'hésitez pas à nous en faire part. Contactez-nous

Chaussée d’Alsemberg 323 à Forest

Pour cette troisième étape de notre série « A l'abandon », nous nous retrouvons à Forest, au 323 chaussée d’Alsemberg, pas loin de la place Albert. Nous y trouvons une jolie maison de ville datant probablement du début du XXe siècle. Son style emprunte quelques éléments Art Nouveau (corniche, jeu de briques colorées), mêlés à des éléments plus pittoresques comme le soubassement en moellons.


A l'abandon depuis plus de dix ans

La maison est abandonnée depuis plus d’une dizaine d’années et, malheureusement, commence à souffrir de la situation : les ferronneries du balcon ont disparues, des traces d’infiltrations sont visibles sur la façade, des plantes prennent racines et l’ensemble des boiseries devraient être repeintes au plus vite.

Le garde-corps du balcon a disparu et diverses dégradations apparaissent

Récemment, des barrières Nadar ont été posées devant la maison et la porte d’entrée a été grossièrement renforcée.

Porte d'entrée

Le dessin de corniche ne manque pas de cachet

Dans la même série, voir aussi :

A l'abandon - 01 (boulevard Wahis, 35)
A l’abandon - 02 (boulevard Jaspar 102 et 103)

dimanche 18 mars 2012

Dur réveil pour une maison Art Nouveau

Au n° 4 de l’avenue Rogier se trouve une maison de maître Art Nouveau d’inspiration classique due à l’architecte Gabriel Charle. On doit aussi à ce dernier l’intérieur de la Maison Communale de St-Josse, la maison du peintre Lemmens au 74-76 de la rue de la Réforme à Ixelles ainsi qu’une splendide maison de rapport au n° 2 de la rue des Petits Carmes.

La maison avant travaux

Restée, telle une Belle au Bois Dormant, dans un état de semi-abandon pendant plusieurs années, la maison de l’avenue Rogier a survécu jusqu’à nos jours sans modification extérieure ni intérieure importante. Malheureusement, suite à un récent changement de propriétaire fin 2011, les châssis du dernier étage ont été remplacés par du PVC. Nous craignons dès lors le pire pour les reste des boiseries de la façade dont la superbe porte d'entrée et l'imposant. Des blocs Ytong étant apparus sur le trottoir, nous nous inquiétons aussi de modifications intérieures conséquentes qui pourraient intervenir sans permis et mettre à mal les éléments d'intérêt que contient la maison.

Cette situation illustre bien quelques problématiques bruxelloises : le manque de protection pour beaucoup de bâtiments de grande qualité patrimoniale, la méconnaissance par nombre de propriétaires de la valeur architecturale de leur bien (manque d’inventaire, de reconnaissance et d’éducation au patrimoine), une politique peu discriminante incitant au remplacement systématique des châssis anciens pour des raisons énergétiques.

Vu la qualité remarquable de la maison de l’avenue Rogier, nous avons écrit à M. Charles Picqué, Ministre en charge des Monuments et Sites afin de demander l’ouverture urgente d’une procédure de classement. Parallèlement, nous avons écrit à la Commune de Schaerbeek afin d’appuyer cette demande et de vérifier si un permis avait été demandé pour les transformations le nécessitant.

La réponse de la Commune de Schaerbeek nous informe que son service de l’urbanisme était déjà descendu sur les lieux pour faire arrêter les changements de châssis illégaux et placer les scellés sur les travaux entamés sans les autorisations requises. On peut donc s’attendre à ce qu’une demande de permis de régularisation soit déposée bientôt.

De son côté, M. Picqué nous a répondu, en date du 8 février que notre demande a été transmise à l’administration et qu’il ne manquerait pas de nous tenir informé du suivi. Depuis, nous n’avons plus eu de nouvelle… Il serait pourtant utile d’agir sans tarder si l’on veut que l’ouverture d’une procédure de classement intervienne suffisamment en aval d’une demande de permis. En effet, cette mesure, prise rapidement, permettrait de guider et aider le propriétaire à mettre en œuvre une rénovation plus respectueuse de cet élément important du patrimoine architectural régional.