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mardi 5 juin 2018

Pétitions-Patrimoine met fin à ses activités

C’est non sans regrets, mais avec une certaine lucidité, que les membres de Pétitions-Patrimoine ont décidé de dissoudre leur asbl. L’association avait été créée en 1993, suite à la démolition d’une maison Art Nouveau classée, le 120, avenue de Tervueren. Le combat pour la remise en place de sa façade démontée est aujourd’hui gagné. Autre dossier phare défendu par Pétitions-Patrimoine, les ateliers Citroën viennent d’être inaugurés comme musée d’art moderne Kanal - centre Pompidou. Il est intéressant de rappeler qu’en 1996, Pétitions-Patrimoine était seule en Commission de concertation à défendre ce bâtiment emblématique contre un projet de démolition pure et simple. Une pétition de classement, introduite en 2000 avec le Bral, est restée d’ailleurs jusqu’aujourd’hui lettre morte, même si, à l’époque, la législation sur le patrimoine obligeait le gouvernement à entamer une procédure de classement.

Au cours de ses 25 ans d'existence, ce sont des centaines d’avis que l'association aura produits, des participations aux Commissions de concertations, des communiqués de presse et des actions médiatiques réussies : les Presses Socialistes (rue des Sables), le Palais du Vin (rue des Tanneurs), la maison-atelier Cortvriendt (rue de Nancy), la villa Coene (av. Jean et Pierre Carsoel)… des dossiers qui ont, à un moment donné, basculé vers un classement, une rénovation respectueuse… Par contre, au fil du temps, les échecs, comme la disparition de l’îlot Drapiers-Chevaliers-Toison d’Or, la destruction des anciens entrepôts Delhaize (Art Nouveau, quai des péniches) pour faire place à la tour Upsite, ou des usines Godin (quai des Usines) pour faire place à un centre commercial, tous soutenus par les pouvoirs publics, sont devenus plus nombreux.

 
Menacée de démolition, la villa Coene, av. J. et P. Carsoel est sauvée - © BUP

L’absence de prise en compte des pétitions de classement prévues par l’ordonnance régionale de 1993 sur le patrimoine et, depuis 2009, la révision de cette législation qui leur a ôté toute portée contraignante explique en partie la démotivation des citoyens qui se sont investis bénévolement dans l’association. Lors de la révision du CoBAT de 2009, la prise en compte de ces pétitions par la Région a été rendue facultative. Pétitions-Patrimoine avait alors tiré la sonnette d’alarme mais avait décidé de continuer à lancer des pétitions, en particulier lorsqu’elles étaient soutenues par une forte mobilisation locale d’habitants, comme ce fut le cas pour la salle Vermeulen à Schaerbeek ou la place du Jeu de Balle dans les Marolles. Malheureusement, il fallu constater que ces actions n’ont pas été très fructueuses et que ces pétitions furent, pour l’essentiel, rejetées par la Région.

Pétitions-Patrimoine constate d’ailleurs que de fil en aiguille, la Région revoit ses outils planologiques (PRAS, CoBAT…), pour entériner la dérogation par défaut, comme récemment avec les nouveaux PAD, les « Plans d’Aménagement Directeurs » qui permettent de déroger à toute autre législation. Pour Pétitions-Patrimoine c’est un signe de plus que la Région prend le parti du développement immobilier à tout crin au détriment de ses habitants et du patrimoine.

L'arrêt de Pétitions-Patrimoine n'est donc pas le signe que le patrimoine bruxellois n'est plus menacé, loin de là. On constate d’ailleurs une recrudescence inquiétante de projets de façadisme brutal, comme sur la chaussée d’Ixelles (63, ancien immeuble du à Ernest Delune), ou encore sur l’îlot Solvay. Pétitions-Patrimoine peut donc ressortir sa vieille formule des années 1990 : « le façadisme est à la protection du patrimoine ce que la taxidermie est à la protection animale ».


Les anciens bureaux Solvay, aujourd'hui façadisés - © BUP

Pétitions-Patrimoine fait aussi le constat qu’il devient de plus en plus difficile d’agir contre des projets d’ampleur, soutenus par les pouvoirs publics. La participation et la concertation fonctionnent mal et, face à de gros projets, quels que soit la pertinence des arguments légaux ou patrimoniaux avancés, il devient extrêmement difficile de se faire entendre. Les permis sont délivrés malgré tout et il ne reste plus que les recours au Conseil d’Etat, longs et onéreux, qui pourraient permettre d’avoir gain de cause. Il y a là un glissement regrettable et décourageant du débat public sur le développement de la ville.

Pour les administrateurs de Pétitions-Patrimoine, il y a au final le constat qu’il est devenu difficile pour des bénévoles de mener une activité de défense du patrimoine ambitieuse, car mobilisant de plus en plus de ressources, notamment en temps. Pour espérer mener à bien des actions de sauvegarde fructueuses sur le long terme, il faudrait prendre le parti de professionnaliser l’association… mais cela en changerait trop profondément la nature.

Alors que Pétitions-Patrimoine met la clé sous la porte, ses membres espèrent que d’autres citoyens reprendront le flambeau, avec d’autres moyens ou types d’actions, parce que la destruction du patrimoine reste une menace sérieuse pesant sur notre ville.

mercredi 25 mars 2015

Inquiétude sur le sort des ateliers Citroën

Va-t-on sacrifier le patrimoine

pour un hypothétique musée ?


Les ateliers Citroën - façade le long du canal

Le 11 mars dernier, depuis le salon de l’immobilier MIPIM à Cannes, Rudi Vervoort annonçait qu’un accord avait été trouvé entre la Région de Bruxelles-Capitale et le groupe PSA pour le rachat des emblématiques showroom et ateliers Citroën de la place de l’Yser et du quai de Willebroeck. Le but de l’opération est de loger le futur Musée d’Art Moderne et Contemporain que le Ministre-Président bruxellois appelle de ses vœux. Cependant, le deal que semble avoir élaboré la Région pour financer le musée n’est pas sans inquiéter les défenseurs du patrimoine. Le showroom de la place de l’Yser serait réaffecté en lieu d’exposition mais les vastes ateliers à l’arrière seraient sacrifiés à la construction d’un projet immobilier résidentiel destiné à financer le tout.

Rappelons que le complexe Citroën est un ensemble industriel et commercial des plus emblématiques et remarquables du Mouvement Moderne à Bruxelles. Ce paquebot de verre, salué à l’époque pour ses qualités techniques et esthétiques, fut construit en 1935 par les architectes bruxellois Alexis Dumont et Marcel Van Goethem en collaboration avec l’architecte attitré de Citroën, Maurice Ravazé. Alexis Dumont et Marcel Van Goethem ne sont pas des inconnus et, ensembles ou séparément, ont construit plusieurs immeubles Art déco et modernistes parmi les plus importants à Bruxelles : le Shell Building, rue Ravenstein (Dumont, 1931-1934), le rectorat de l’ULB (Dumont, 1924-1932), l’Institut des Arts et Métiers (Dumont, 1928), la villa Coene (Dumont et Van Goethem, 1937) ou encore, après-guerre, la Banque Nationale de Belgique (Van Goethem, 1948-1957). Les établissements Citroën de la place de l’Yser furent la première implantation de la marque hors de France ainsi que le plus grand concessionnaire et atelier automobile d’Europe. Implanté dans un lieu central et très visible, le complexe bénéficia de toute l’attention d’André Citroën qui avait donné une importance majeure à son image de marque à travers l’architecture de ses garages et showrooms. Les qualités de cet ensemble sont largement reconnues depuis longtemps ; il est notamment mentionné dans Le guide de l’architecture moderne à Bruxelles, Editions de l’Octogone, édité en 1993 avec le soutien de la Région de Bruxelles-Capitale.

Le traitement particulier des angles : la façade de verre s'incurve sans brisure

Détail de la façade des ateliers

Hélas cela n’a pas suffit à préserver ce patrimoine remarquable des menaces de démolitions, ni à lui octroyer une protection à sa mesure. En 1996 déjà, un projet immobilier développé par le groupe Citroën Belgium prévoyait la démolition des ateliers pour la construction d’un vaste ensemble de bureaux et (d’un peu) de logement. Il fut combattu par Pétitions-Patrimoine et la demande de permis fut rejetée par la Ville de Bruxelles.

En 2000, la Région avait annoncé son intention de classer mais sans aboutir et certains bruits de rachat par une grande banque ont circulés. Dès lors, à l’occasion des Journées du Patrimoine de septembre 2000, Pétitions-Patrimoine et le BRAL ont lancé une pétition de classement des ateliers suivant l’ordonnance de 1993 sur le patrimoine. Cette pétition a recueilli plus de 500 signatures de Bruxellois et, conformément à la législation en vigueur, aurait dû être suivie par l’ouverture d’une procédure de classement. Cela n’a malheureusement pas été le cas et ni Pétitions-Patrimoine, ni le BRAL n’ont été notifiés des suites données à cette pétition qui semble être restée bloquée quelque part dans un placard de l’administration. Pourtant, à l’époque, plusieurs associations s’étaient mobilisées pour soutenir cette demande et l’ICOMOS avait salué cette initiative citoyenne dans son Bulletin de liaison de janvier 2001.

Malgré l’absence de classement, une certaine prise de conscience de l’intérêt de ce patrimoine s’est fait jour au sein des pouvoirs publics par l’adoption, en juillet 2008, du PPAS (Plan Particulier d’Affectation du Sol) 70-20a « Willebroeck » couvrant les îlots à front du canal, entre la place de l’Yser et le pont des Armateurs. Ce PPAS avait créé la polémique car il avait surtout été conçu pour permettre la construction de la tour Upsite qui a mené à le démolition des anciens entrepôts Art Nouveau de Delhaize à deux pas de là. Il contient néanmoins des prescriptions visant à préserver le patrimoine de l’îlot des établissements Citroën. Pourtant, avec l’opération immobilière envisagée par la Région dans le sillage de l’hypothétique Musée d’Art Moderne et Contemporain, ce PPAS ne semble pas être perçu comme un frein à la destruction du patrimoine.

Une architecture moderniste remarquable

Pour Pétitions-Patrimoine, si l’achat de cet ensemble remarquable et emblématique par la Région doit avoir un sens c’est, avant tout, pour le soustraire à la spéculation immobilière qui règne dans la zone et le protéger une fois pour toute par un classement global du showroom et des ateliers. Que la Région désire créer un nouveau musée, pourquoi pas, mais son rôle est aussi d’avoir une politique de protection du patrimoine et, dans cette optique, le classement d’un tel ensemble s’impose. Les futures réaffectations des bâtiments Citroën doivent donc prioritairement s’inscrire dans ce patrimoine en le mettant en valeur et en prenant en compte ses qualités et spécificités. Techniquement, les ateliers Citroën ont été construit de manière remarquable : leur structure métallique a été conçue dès l’origine pour supporter la surcharge d’un étage intermédiaire, permettant une grande flexibilité d’utilisation et d’affectation. Alors, et si, face à un bâtiment d’une telle valeur, la Région bruxelloise faisait preuve d’une réelle ambition en le protégeant et en élaborant un plan global de réaffectation respectueux du patrimoine qui englobait l’ensemble du site ? Chiche !

vendredi 13 mars 2015

Une villa Dewin à classer

Le comité de quartier Quartier Meunier a récemment lancé une campagne « NotreHistoire » afin de soutenir le classement d'une Villa Art Déco de l'architecte Jean-Baptiste Dewin et de son jardin, située rue Meyerbeer 29-33 à Forest.

Façade à rue de la villa - photo ancienne

En décembre 2014, la Commission Royale des Monuments et des Sites (CRMS) a proposé de classer cette villa de 1925 et son jardin en raison de leur intérêt historique et esthétique. La villa est dans un état de conservation exceptionnel et forme avec son jardin un ensemble magnifique. Le Ministre-Président Rudi Vervoort et les autres membres du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale doivent décider dans quelques jours s'ils entament ou non la procédure de classement.


Vue depuis le jardin

La villa et l'immense jardin qui l'entoure ont été récemment achetés par un promoteur qui compte bâtir sur ce terrain un très grand complexe d'appartements, isolant complètement la maison de son environnement d'origine. C'est donc le moment d'agir pour garantir la préservation de ce patrimoine bâti et naturel exceptionnel.

Pour mieux comprendre l'intérêt de protéger ce patrimoine, visitez le site www.notrehistoire.be

Comment soutenir l'action du comité Quartier Meunier ?

- Signez la pétition : https://www.lapetition.be/en-ligne/Classement-d-une-villa-Dewin-et-son-jardin-appel-au-gouvernement-Vervoort-15515.html
- Envoyez un courrier au Ministre-Président Rudi Vervoort et aux autres membres du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale (lettre type sur le site)
- Diffusez la pétition et le site www.notrehistoire.be auprès de vos amis et réseaux (Facebook Notre histoire)

mercredi 21 janvier 2015

Pétition de classement pour la place du Jeu de Balle


Pétitions-Patrimoine, en collaboration avec la Plateforme Marolles, vient de déposer ce 20 janvier auprès de l’administration des Monuments et Sites de la Région bruxelloise une pétition de classement comme site de l’ensemble de l’espace public de la place du Jeu de Balle, ainsi que de plusieurs bâtiments qui s’y trouvent et de l’ancien abri anti-aérien situé dans son sous-sol.

L’annonce récente d’un projet de construction de parking sous la place du Jeu de Balle a permis à de nombreux Bruxellois de découvrir que le retard dans la politique de classement à Bruxelles est tel que, ni cette place, ni les principaux édifices qui la caractérisent ne font l’objet d’une quelconque mesure de protection. Même l’emblématique ancienne caserne des pompiers due à l’architecte Joseph Poelaert ne jouit d’aucune protection à ce jour.

C’est également à cette occasion qu’un explorateur urbain a rendu public un reportage photographique montrant le parfait état de conservation de l’abri anti-aérien se situant sous la place et dont de nombreuses personnes ignoraient jusqu’à l’existence. Il convenait dès lors de combler cette lacune en proposant au classement la place du Jeu de Balle, hôte du Vieux Marché depuis 1873, et des bâtiments et ensembles les plus significatifs qui la caractérisent.

© www.forbidden-places.net
Avec l’aide de Pétitions-Patrimoine et de la Plateforme Marolles, une demande de classement par pétition vient donc d’être remise aux autorités régionales, conformément au Code bruxellois de l’Aménagement du Territoire (CoBAT) qui permet de demander au Gouvernement régional l’ouverture d’une procédure de classement.

La demande introduite concerne :
• L’ensemble de l’espace public de la place du Jeu de Balle, qui a conservé un aspect proche de son état d’origine (notamment grâce à la présence quotidienne du Vieux Marché depuis 1873). Sa simplicité, sa lisière d’arbres et l’uniformité des matériaux de qualité, dont les fameux pavés qui la recouvrent, sont typiques des aménagements publics du XIXe et du début du XXe siècle. Peu de places bruxelloises ont su conserver à ce point ce caractère et/ou leur typologie d’origine.


• L’église paroissiale de l’Immaculée Conception, construite en plusieurs phases entre 1852 et 1870, sur la partie occidentale de la place.


• L’ancienne demeure du sacristain construite en 1862 et huit maisons de style néo-classique datant de 1866, qui font partie du bâti d’origine, jouxtant l’église de part et d’autre et qui permettent, par leurs gabarits réguliers, d’en rendre l’échelle d’autant plus lisible.


• L’ancienne Caserne des pompiers, construite en 1861-1863 selon les plans de l’architecte Joseph Poelaert, qui occupe toute la face orientale de la place.


• L’ancien abri anti-aérien se trouvant dans le sous-sol de la place, probablement aménagé en 1942 dans le cadre de l’organisation générale de la Défense Aérienne Passive, dans une partie des sous-sols des Ateliers du Renard, usine de construction de locomotives démolie au moment de la création de la rue Blaes et de la place du Jeu de Balle. La présence d’inscriptions « défense d’uriner » et « défense de cracher » en français et en néerlandais atteste que le lieu était destiné à la population civile bruxelloise, pour servir de refuge en cas d’attaque aérienne. Il s’agit d’un des rares témoins matériels à Bruxelles du second conflit mondial, la plupart des abris anti-aériens ayant été détruits après la guerre (par exemple : place Fontainas, Porte de Ninove, Théâtre flamand, rue de l’Hôpital sous le tunnel de la Jonction, ou encore l’abri-hôpital de la Porte de Hal relié par un tunnel à l’Institut Bordet).

L’intérêt patrimonial et historique de la place du Jeu de Balle, si caractéristique du Vieux Bruxelles et du folklore populaire bruxellois, est évident aux yeux de nombreux Bruxellois mais est aussi largement reconnu tant en Belgique qu’à l’étranger. Les quelques jours de collecte des signatures, par la réaction du public rencontré, ont permis de réaffirmer cette évidence avec force.

La Plateforme Marolles et Pétitions-Patrimoine attendent maintenant que le Gouvernement régional bruxellois prenne la mesure de classement qui s’impose pour cette place riche en patrimoine architectural, historique, folklorique ou archéologique et si chère aux cœurs des Bruxellois. Pour les associations, riverains et signataires, le classement permettra de garantir un avenir qui tienne pleinement compte de ce patrimoine et tourne définitivement le dos aux pires années de bruxellisation qui ont menacé le quartier des Marolles depuis les projets d’extension du Palais de Justice en passant par les vélléités de démolition de l’ancienne caserne avant sa reconversion.

Vous trouverez ci-joint la notice détaillant l’histoire et l’intérêt patrimonial de la place et des différents éléments concernés par cette demande de classement

mercredi 3 décembre 2014

Des places publiques ou des places de parking

Pétitions-Patrimoine se joint au concert de critiques qui voient le jour suite au projet de « piétonisation » d’une partie du centre-ville de Bruxelles. Ce projet qui vise à créer une zone piétonne autour de la Grand-Place au détriment du reste du Pentagone ressemble à un mauvais rêve issu des années 1960, époque bénie de la bruxellisation. En effet, la philosophie qui sous-tend le projet paraît particulièrement rétrograde car il ne s’agit pas de protéger du trafic automobile un centre historique déjà saturé de voiture mais, au contraire, d’y amener plus de voitures en proposant de nouveaux parkings souterrains qui défigureront plusieurs places historiques (place Rouppe, place du Jeu de Balle, place de l’Yser et Nouveau Marché aux Grains). Ces parkings, confiés à des opérateurs privés, devront nécessairement être remplis au mieux pour assurer leur rentabilité, ce qui empêchera, par effet rebond, toute future politique volontariste de réduction du trafic.

Alors que la plupart des villes européennes mettent en place des politiques visant à protéger leurs centres historiques du trafic automobile et à inciter les visiteurs, chalands et touristes à laisser leurs voitures en périphérie et à y venir en transport public, la Ville de Bruxelles prône exactement l’inverse : amener les visiteurs – en voiture – au plus près d’un hyper-centre, certes piétonnier, mais qui est traité comme un simple shopping-centre, c’est-à-dire desservi par une sorte de mini-ring routier et entouré de parkings. Or, on sait que les centres anciens, avec leurs rues généralement étroites et non rectilignes, n’ont pas été conçues pour l’usage de l’automobile et que, historiquement, toutes les tentatives pour les y adapter ont été des échecs, créant plus de nuisances que de fluidité. On sait aussi combien la pollution atmosphérique due à ce trafic salit et dégrade la pierre et les matériaux des monuments et bâtiments historiques.

Du projet porté par la Ville de Bruxelles, Pétitions-Patrimoine dénonce surtout la mise à sac des quatre places historiques du centre vouées à accueillir les nouveaux parkings souterrains. En effet, la création de ces parkings s’accompagnera inévitablement de la construction de diverses cheminées d’aération et trémies d’accès. Ces dispositifs sont particulièrement encombrants et détruiront les proportions, circulations, perspectives et cohérences visuelles de ces places publiques, en particulier du fait que la plupart d’entre elles sont de taille plutôt modeste. Il suffit de voir les difficultés d’aménagement de la place de la Monnaie, littéralement coupée en deux par les trémies d’accès au parking qu’elle surplombe. Son espace est pourtant assez généreux mais il semble bien encombré par les dispositifs techniques du parking (bouche d’aération et trémies d’accès) qu’on a essayé, tant bien que mal, de masquer par des aménagements divers. On y voit aussi combien le cheminement des piétons est entravé par les deux voies d’accès au parking. Alors, va-t-on répéter les mêmes erreurs sur des places plus petites ? Imagine-t-on vraiment la petite place du Nouveau Marché aux Grains ou la symétrique et classique place Rouppe affublées de rampes d’accès à des parkings et dépourvues à jamais de toute possibilité d’y planter des arbres ?

L'abris très bien préservé sous la place du Jeu de Balle (Plateform Marolles)
Plus particulièrement, Pétitions-Patrimoine s’est penchée sur le cas de la place du Jeu de Balle qui possède des spécificités qui la rende particulièrement inapte à accueillir un parking souterrain. Tout d’abord, comme pour les autres places, il y a le problème des aérations et voies d’accès qui vont défigurer sont attrait historique et esthétique : simplicité, uniformité des matériaux de qualité (pavés), lisière d’arbres… Ensuite, le sous-sol de la place possède des éléments qu’il conviendrait de préserver pour leurs valeurs historiques : partie de l’ancienne usine de locomotive de la « Société du Renard » (1837) et un vaste abri anti-aérien pratiquement intact datant de la Seconde Guerre Mondiale. La place, achevée en 1863, abrite aussi le « vieux marché » quotidien depuis 1873. Le long chantier du parking et le réaménagement de l’espace de la place risque de mettre à mal ce marché populaire qui, avec son folklore et ses multiples anecdotes, fait partie de l’Histoire et du patrimoine immatériel de Bruxelles. Les Marolliens et nombreux Bruxellois qui pétitionnent et protestent en ce moment contre cette menace ne s’y sont pas trompés.

Pétitions-Patrimoine demande à la Ville de revoir la copie de son plan de piétonisation, tout d’abord en abandonnant l’idée de créer de nouveaux parkings souterrains dans le centre-ville. Ceux-ci sont inutiles, coûteux et destructeurs du patrimoine et de l’espace public. Ensuite, Pétitions-Patrimoine plaide pour un changement de philosophie du plan : s’il y a piétonisation d’une partie du centre-ville, cela ne doit pas se faire au détriment des autres quartiers du Pentagone et une politique générale de modération du trafic doit être mise en place afin de préserver ce qui fait la qualité d’un centre historique digne de ce nom.

samedi 1 juin 2013

La pétition pour les prisons est déposée

Ca y est : la demande de classement par pétition des deux grandes prisons bruxelloises a été déposée auprès de l’administration il y a peu. Nous vous remercions pour vos signatures et les efforts fournis pour leur collecte.

Avec ce dépôt, nous voulons mettre l’enjeu patrimonial sur la table des décideurs bruxellois avant toute décision relative aux nouveaux projets sur le site. Pour ne pas faire un remake de la saga Music City à Tour & Taxis.

Rappelons que le double complexe carcéral de St-Gilles (construit en 1878-1884) et de Forest (construit en 1901-1910) a une valeur exceptionnelle et unique en Europe. Le déménagement des prisonniers vers la nouvelle prison de Haren (prévue pour 2016) laisse planer le doute sur l’avenir de ce site et de son riche patrimoine.

A Saint-Gilles, l'entrée de la prison marque le paysage

Notons que l’intérêt des sites va donc bien au-delà des châtelets d’entrée de la prison de St-Gilles dont le gouvernement bruxellois vient d’entamer, ce 7 mars 2013, la procédure de classement. Notre demande vient donc à point pour compléter la protection patrimoniale de l’ensemble. En réponse à une question parlementaire, Charles Picqué reconnaissait d’ailleurs « ne pouvoir imaginer que le classement se limitera à ce qui est en cours de procédure, c’est à dire l’entrée principale » (question d’Alain Maron en commission de l’aménagement du territoire, le 20 mars 2013).

Une partie de la structure remarquable du noyau centrale de la prison de St-Gilles

Pour Pétitions-Patrimoine, il est nécessaire que des décisions soient rapidement prises, en vue  d’une protection large du patrimoine de ces sites. En effet, le déménagement des prisons et la ré-affectation des sites concernés recèlent des intérêts financiers gigantesques. Par ailleurs, il est très probable que les différents acteurs impliqués (Communes, Région, Etat fédéral...) n’aient pas des intérêts convergents. Dès lors, de nombreuses décisions risquent de se prendre dans la précipitation et d’échapper au débat public. Il paraît nécessaire d’éviter un scénario à la Tour & Taxis dans les années 1990, où certains politiques s’étaient déclarés favorables au projet de Music City sans tenir compte de l’exceptionnel patrimoine du site, ce qui a englué le dossier pendant des années. Pour éviter un semblable fiasco, l’étude patrimoniale du site doit être faite avant toute décision d’affectation et de construction, ceci de façon indépendante. Ensuite, le classement des éléments de valeur permettra de fixer un cadre juridiquement solide pour la définition des affectations et des projets qui devront s’y conformer.

Aujourd’hui, une vision urbanistique moderne doit voir le patrimoine exceptionnel des prisons comme une aubaine pour le développement et la mise en valeur de ces sites.

Partout, le soin du détail (prison de Forest)


dimanche 17 février 2013

Pétition pour les prisons de Forest et St-Gilles

Note : La pétition est cloturée et a été déposée à l'administration. Il n'est plus nécessaire de nous renvoyer des signatures. Merci pour votre aide.

Avec le déménagement prévu des prisons de Saint-Gilles et Forest à Haren, cela fait quelques temps que nous nous inquiétons du sort des bâtiments de ces deux prisons historiques une fois le transfert des détenus effectué. Notre inquiétude est d’autant plus grande que les déclarations des responsables politiques ne sont pas très claires à ce sujet. Va-t-on tenter de valoriser les terrains au maximum en faisant à peu près table rase des bâtiments ? Ou bien une véritable réflexion sur l’intérêt, la protection et la ré-affectation de ce patrimoine va-t-elle avoir lieu préalablement ?

L’échéance du transfert des détenus n’est pas proche vu que le projet de construction de la prison de Haren est encore au stade de la définition du programme. Cependant, l’absence de débat public ou d’annonce sur l’avenir des prisons historiques de St-Gilles (construite en 1878-1884) et Forest (construite en 1901-1910) est plutôt inquiétant. Va-t-on une fois de plus mettre la charrue avant les bœufs et vendre les bâtiments et voir des appels à projets apparaître avant qu’une simple étude du patrimoine présent ait même eu lieu ?

Pour palier à cela, Pétitions-Patrimoine a décidé de lancer une pétition de classement pour le site des deux prisons de St-Gilles et Forest.

L'intérêt des prisons

L'entrée de la prison de St-Gilles (carte postale ancienne)

Du point de vue architectural et urbain, force est de constater la valeur exceptionnelle du double complexe carcéral de Saint Gilles (1878-1884) et  de Forest (1901-1910). Notons tout d’abord que l’enfilade des deux prisons, prévue dès le départ par Victor Besme au sein de son Plan d’ensemble pour l’extension et l’embellissement de l’agglomération bruxelloise (1866) constitue un cas d’école unique en Europe. La vétusté et l’impopularité de l’ensemble joue hélas en sa défaveur et en occulte les valeurs intrinsèques. La qualité est pourtant réellement au rendez-vous  et ne se limite pas qu’aux seuls « châtelets d’entrée ».  Loin de là. Comme bon nombre d’édifices érigés au XIXe siècle, les architectes Joseph Jonas Dumont, François Derré (St-Gilles) et Bouckaert (Forest) se sont appliqués à donner à leur projet une véritable cohérence d’ensemble. Evoquant l’architecture religieuse ou militaire tardo-médiévale, un style gothique de pierre, de fer et de verre, accompagne quiconque pénètre dans les prisons depuis l’entrée jusqu’au cœur des édifices. Une véritable scénographie architecturale, subtile et savante associe l’esthétique et la symbolique à la modernité et l’efficacité du programme.

Vue sur la partie centrale de la prison de St-Gilles

Chacun des deux complexes adopte un plan rayonnant : cinq branches à St Gilles, quatre à Forest. Ce plan caractéristique du système cellulaire s’inspire de principes développés par d’imminents criminologues anglais et américains de l’époque et dont la prison de Pentonville en Angleterre constituait l’archétype. Au centre du complexe St-Gillois, la plus grande prison du pays, trône l’imposante chapelle. Celle-ci, implantée sur le point le plus haut de la commune, est exceptionnelle tant par ses proportions et ses volumes que par son plan centré particulier.


La prison de Forest

A Forest la chapelle occupe aussi le centre de la prison. Un très bel éventail de grandes fenêtres ogivales marque également son emplacement à la réunion des cinq ailes, au cœur de l’édifice. Si le portail massif de St Gilles fait référence au style Tudor d’origine anglaise, vingt ans plus tard l’architecte Bouckaert préféra s’inspirer de l’architecture brabançonne pour l’élévation des élégantes façades de la prison de Forest. Cet ensemble, qui fait penser, à s’y méprendre, à un beau manoir du XVIe siècle, et malgré qu’il ne profite pas du même dégagement que la façade de la prison de St Gilles, n’en est pas moins plastiquement très abouti.

L'intérieur de la chapelle de la prison de Forest conserve des éléments de grande qualité

Vue aérienne du centre de la prison de Forest (© 2013 BLOM © 2013 Microsoft Corporation)

Pourquoi classer ?

Sans doute y a-t-il sur ces sites des bâtiments et aménagements plus récents qu’il ne faudrait pas maintenir mais, faute d’accès facile derrière les murs (on comprend pourquoi), il est difficile de se faire une idée précise de ce qui vaut la peine d’être conservé et de ce qui pourrait disparaître.

C’est justement pour avoir cet inventaire et étude précise du patrimoine intéressant des sites que nous lançons cette pétition. Pour que le débat sur la qualité et le maintien de ce vaste patrimoine soit ouvert et public. En effet, depuis la modification du CoBAT en 2009, la portée de la pétition de classement a été largement réduite, la Région n’ayant plus aucune obligation d’ouvrir une procédure de classement. L’expérience récente de la salle Vermeulen est là pour le confirmer. Toutefois, dans le cas présent, la pétition garde l’intérêt d’obliger à ce que la CRMS rende un avis sur la demande de classement et, donc, sur l’intérêt du patrimoine présent. Une étude de ce patrimoine devra donc avoir lieu et pourra être rendue publique. De plus, le Gouvernement régional devra aussi se prononcer publiquement sur le classement. Il y aura donc un débat qui pourra être rendu publique sur la manière dont l’autorité régionale compte prendre en compte le patrimoine sur ces sites, ceci, avant qu’ils soient vidés.

Signer et faire signer la pétition

La feuille de pétition au format PDF est téléchargeable en cliquant ici

Les instructions pour la remplir se trouvent en page 2 du document. Rappelons qu’il est impossible de réaliser une pétition conforme au CoBAT par voie électronique (pas de signature en ligne). Dès lors, il faut impérativement imprimer les feuilles de pétition, les faire remplir à la main et nous les renvoyer avant la fin mars à :

Pétitions-Patrimoine
Rue du Marteau 19
1000 Bruxelles


Merci d’avance pour vos efforts.

dimanche 27 janvier 2013

Permis délivré pour la salle Vermeulen

Ca y est, la Commune de Schaerbeek a délivré le permis d’urbanisme pour la transformation de la salle Vermeulen en appartements. Cette salle des fêtes remarquables avait été l’objet de notre dernière pétition de classement en 2012. Malgré l’avis favorable de la Commission Royale des Monuments et des Sites (CRMS), le gouvernement régional avait rejeté la demande de classement ouvrant la voie au projet privé soutenu par la Commune.

Si, dans son arrêté de non-classement, la Région avait bien émis quelques recommandations pour le maintien de certains éléments, le permis délivré ouvre la voie à la démolition de l’intéressante maison à front de rue et à la perte de la salle comme équipement collectif pour le quartier.

Le plus inquiétant dans ce dossier est au final la manière dont ont été traitées les demandes de habitants mobilisés en masse pour la sauvegarde de la salle et, ce, tant en ce qui concerne le rejet de la pétition de classement que lors de la Commission de concertation pour laquelle les plans définitifs n’étaient pas consultables.

Le permis d’urbanisme est téléchargeable sur le site d’IEB à cette adresse :


Détail de la charpente métallique de la salle

La maison condamnée au 19, rue Goossens

jeudi 13 septembre 2012

Pétition de classement : la fin des illusions

En déposant notre pétition de classement pour l’ancienne salle de spectacle Vermeulen à Schaerbeek, nous étions confiants : le bâtiment est rare et remarquable, la mobilisation des habitants importante et l’enjeu économique du projet qui le menaçait initialement était faible (5 appartements). La Région bruxelloise aurait ainsi pu montrer à peu de frais qu’elle reste à l’écoute des demandes citoyennes. Il n’en fut rien, la Région refuse le classement et accorde au promoteur le droit de transformer et morceler l’ancienne salle de spectacle. Le projet est passé le vendredi 7 septembre en concertation à Schaerbeek.


Le 17 février 2012, Pétitions-Patrimoine déposait le dossier complet de demande de classement de l’ancienne salle de spectacle André Vermeulen au 19 de la rue Goossens à Schaerbeek. Parmi les documents, la demande officielle par pétition de près de 450 bruxellois remplies selon les termes légaux du CoBAT (nom, prénoms, adresse, n° de carte d’identité, adresse, date de naissance). Ce nombre important est le résultat d’une forte mobilisation des habitants du quartier qui tiennent à ce patrimoine exceptionnel.

En effet, la salle Vermeulen fait réellement partie de l’histoire du quartier Colignon. Ce bâtiment fut construit en 1889 par la société de Saint Vincent de Paul dans un but social, de loisirs et de festivités. Cela pour aider les jeunes et spécialement les plus démunis. Des initiatives vont voir le jour, qui aujourd’hui, nous paraissent tout à fait normales mais qui étaient révolutionnaires pour leur époque, comme, par exemple, en 1897 la création d’une caisse d’épargne. La salle possède également un intérêt esthétique au vu de son architecture et de ses décorations mais aussi un intérêt technique car ce fut un des tout premiers bâtiments bruxellois éclairés au gaz.

Les experts de la Commission Royale des Monuments et des Sites (CRMS) furent donc enthousiastes pour soutenir la demande de classement en y donnant un avis positif solidement motivé.

A l’origine de la mobilisation des habitants et association pour la défense de la salle était un projet immobilier la dénaturant en la divisant en 5 appartements. Ce projet avait d’ailleurs été par deux fois rejeté en Commission de concertation, en juin et novembre 2011. La pétition de classement avait dès lors pour but d’éviter qu’un nouveau projet, à nouveau à peine amendé, ne soit remis sur la table et que le classement permette d’orienter une fois pour toute une rénovation de la salle qui prenne en compte ses qualités historiques. En acceptant le classement, le gouvernement bruxellois aurait pu montrer son attachement à préserver un patrimoine intéressant, soutenu par la population du quartier et ceci sans qu’il y ait un enjeu économique colossal attaché à sa préservation. Pourtant, le 19 juillet 2012, en réponse à la pétition de classement et malgré l’avis favorable de la CRMS, le gouvernement bruxellois décidait de ne pas classer la salle Vermeulen.

Dès lors, on se demande à quoi peut bien encore servir le recours à une pétition de classement légale ? Il y a déjà longtemps que le gouvernement refusait d’accorder le classement par pétition d’immeubles ou sites soumis à la pression de gros projets immobiliers (Heron sur l’avenue de la Toison d’Or, ateliers Citroën sur la place de l’Yser, anciens entrepôts Delhaize sur le quai des Péniches, usines Godin au quai de l’Industrie, etc.). Il faut en conclure que, maintenant, ce sont aussi les micro-projets immobiliers qui deviennent intouchables.

Suite à la dernière réforme du CoBAT (Code Bruxellois de l'Aménagement du Territoire) qui en avait réduit la portée légale en 2009, nous avions déjà dénoncé le fait qu’en l’absence de volonté politique du gouvernement, la pétition de classement citoyenne serait réduite à un écran de fumée juridique. Nous n’avions pourtant pas voulu céder au pessimisme et au procès d’intention. Hélas, aujourd’hui, ce cas exemplaire démontre que cette triste prédiction se révèle la réalité.

jeudi 17 mai 2012

Suspens rue Goossens

La Commission de concertation, réunie le 4 mai dernier, a reporté son avis sur la dernière demande de permis de transformation de la salle Vermeulen (rue Goossens 17-19, voir ci-dessous). L’examen de ce dossier a été reporté à une date encore indéterminée. En effet, l’instruction de la demande de permis est suspendue en raison de notre demande de classement par pétition du « petit théâtre » a été déposée au mois de février (pétition déposée par Pétitions-Patrimoine et soutenue par IEB).
L’instruction reprendra lorsque le Gouvernement notifiera sa décision, d’entamer ou non, une procédure de classement du bien. Le suspens reste entier mais, au moins, comme nous l’avions demandé à la Commission de concertation, les choses sont faites dans l’ordre. A suivre donc…

mercredi 2 mai 2012

Errare humanum est, perseverare diabolicum

Ce vendredi 4 mai 2012, se tiendra à Schaerbeek la troisième Commission de concertation consacrée au projet immobilier visant les 17-19-21 rue Goossens. Cette nouvelle demande de permis menace encore une fois de détruire les qualités patrimoniales de l’ancienne salle de spectacle en intérieur d’îlot (salle Vermeulen), en la divisant horizontalement et verticalement en logements. Pire encore que les précédentes demandes, le projet actuel vise également la démolition de l’intéressante maison à front de la rue Goossens (n° 19).

Au 19, rue Goossens, cette maison est maintenant aussi menacée de démolition

Bis repetita ou jamais deux sans trois ont envie d’écrire les associations et les riverains largement mobilisés contre le projet. Malgré deux refus, en mai et en décembre 2011, le promoteur CASCAD revient avec une demande ignorant à nouveau les qualités patrimoniales du bâti existant. Les deux refus de permis précédents furent pourtant motivés, entre autres, par l’inadéquation de l’affectation en logement de l’ancienne salle de théâtre qui est inscrite comme « équipement d'intérêt collectif » dans le Plan Régional d'Affectation du Sol (PRAS - prescriptions 8.1 et 8.2). A l’exception de la Commune de Schaerbeek, les membres de la Commission de concertation, suivant en cela l'avis de la Commission Royale des Monuments et des Sites (CRMS), demandaient aussi de prévoir une affectation qui préserve les qualités patrimoniales de cette salle de spectacle remarquable datant de 1889. Manifestement, ces demandes ne sont pas rencontrées par la nouvelle demande de permis.

Diviser la salle en plusieurs unités de logement (mal éclairés) la dénaturerait complètement.


Suite aux menaces repousées des deux premiers projets, Pétitions-Patrimoine avec l’aide des riverains et d’Inter-Environnement Bruxelles avait activé la procédure de demande de classement par pétition. Cette démarche a été couronnée par un large succès et la pétition a été déposée le 17 février 2012 par Pétitions-Patrimoine (voir notre article du 20/02/12). A ce stade, cette demande officielle de classement oblige la Région bruxelloise a prendre l'avis de la CRMS, établir un rapport et à prendre une décision sur cette demande de classement dans les trois mois de la réception officielle, ce qui n'a pas encore été fait. Nous demandons donc aux autorités de suspendre l'instruction de la nouvelle demande de permis jusqu'à cette décision régionale.

Les associations et les habitants du quartier réitèrent donc leur demande à la Région bruxelloise de classer cette salle remarquable et à la Commune de Schaerbeek d’aider à la perpétuation de cet équipement collectif au service d’un quartier qui en a bien besoin.

lundi 20 février 2012

Salle Vermeulen : la pétition est déposée

Dans notre précédent article, nous vous invitions à nous aider à obtenir le nombre de signatures nécessaires au dépôt d'une demande de classement par pétition de la salle Vermeulen, située au 17 de la rue Goossens à Schaerbeek. Le nombre de signatures nécessaires a été largement atteint et, vendredi dernier, Pétitions-Patrimoine a déposé à la Direction des Monuments et des Sites (administration régionale) la demande de classement par pétition de la salle Vermeulen. Ce bâtiment, situé entièrement en intérieur d’îlot, date de la fin du XIXe siècle. Il s’agit d’une grande halle comparable aux halles St-Géry. La pétition de classement a été réalisée avec le soutien de Inter-Environnement Bruxelles (IEB) et du comité de quartier Comité Colignon. Les associations déplorent aussi la disparition de cet important équipement collectif puisque cette salle abritait une bibliothèque et une école de devoirs jusqu’à ce que le nouveau propriétaire mette fin à cette occupation en 2009. La salle est menacée par un projet de transformation en lofts qui la dénaturerait complètement.


La salle Vermeulen fait partie de l’histoire du quartier Colignon. Ce bâtiment fut construit en 1889 par la société de Saint-Vincent de Paul dans un but social, de loisirs et de festivités. Cela pour aider les jeunes et particulièrement les plus démunis. Ce bâtiment a été le témoin de la fantastique fécondité et créativité sociale qu’a connu la Belgique et Schaerbeek en particulier aux XIXe et XXe siècles. Des initiatives vont voir le jour, qui aujourd’hui, nous paraissent tout à fait normales mais qui étaient révolutionnaires pour leur époque. Par exemple, en 1897 y est créée une caisse d’épargne. Les lieux virent la mise en place d’une symphonie, d’une section d'art dramatique, d’une section de gymnastique, d’une mutuelle, d’une chorale, d’un « cercle de famille », etc. Tout cela avant la première guerre mondiale. Plus tard, parmi de nombreux événements historiques importants qui eurent pour cadre la salle Vermeulen, nous pointons, en 1952, la première représentation de chant de Jacques Brel et, en 1956, l’appel solennel de Joseph Cardijn pour la solidarité avec l’Amérique du Sud.

La salle possède un intérêt esthétique au vu de son architecture et de ses décorations mais aussi un intérêt technique. Ce fut notamment un des tout premiers bâtiments bruxellois éclairés au gaz.

Le Comité Colignon s’est fortement impliqué dans la recherche des signatures pour la pétition de classement. En effet, si la demande de permis pour la transformation en « lofts » de luxe est inacceptable du point de vue patrimonial, le comité défend aussi la salle en tant qu’équipement collectif très utile dans ce quartier. Avant que le nouveau propriétaire mette fin à cette occupation, la salle était jusqu’il y a peu occupée par une bibliothèque ainsi qu’une école de devoirs. Elle servait aussi de salle de sports ou de représentations pour les jeunes du quartier. Le quartier a besoin de ce type d’équipement, soulignent de nombreux signataires.

Inter-Environnement Bruxelles remarque d’ailleurs que le changement d’affectation d’un équipement en logement tel que le demande le promoteur n’est pas autorisé par le PRAS (prescriptions 8.1 et 8.2) et est donc illégal. En effet, les seuls logements autorisés en zone d’équipement doivent être le complément usuel de ce dernier (un logement de gardien ou de concierge par exemple).

Les deux demandes de permis de transformations en « lofts » ayant été, à juste titre, rejetées, les associations demandent maintenant à la Région bruxelloise de classer ce bâtiment remarquable et à la Commune de Schaerbeek d’aider à la perpétuation de cet équipement collectif au service d’un quartier qui en a bien besoin.

dimanche 25 décembre 2011

Pétition de classement pour la Salle Vermeulen



Note : La pétition est aujourd'hui cloturée et déposée (voir ici). Il n'est désormais plus nécessaire de nous renvoyer des signatures. Merci pour votre aide.

Dans cet article, nous attirions votre attention sur l'ancienne salle de théâtre (Salle Vermeulen) située en intérieur d’îlot au 17 rue Goossens à Schaerbeek. Un projet de transformation en lofts, passé deux fois en Commission de concertation, menace ce bâtiment remarquable datant de 1889. La dernière Commission de concertation du 2 décembre dernier a heureusement remis un avis défavorable au projet, à l’exception notable de la Commune de Schaerbeek. Il s’agit de la seconde demande de transformation de la salle en moins d’un an.
A cette occasion la Commission Royale des Monuments et des Sites (CRMS) a remis un avis défavorable à la transformation de la salle Vermeulen. Une copie de cet avis est disponible en cliquant ici.

Dès lors, afin d’orienter définitivement la ré-affectation de cette salle remarquable vers un projet qui ne dénature pas son intérêt patrimonial, il est nécessaire qu'elle soit protégée. Avec le soutien de l'ARAU, BruxellesFabriques et IEB, Pétitions-Patrimoine a décidé de demander le classement de l’ancien théâtre par une pétition officielle.

Bien qu'il existe des formules de pétitions en ligne, nous sommes obligé de vous faire remplir un formulaire papier car il s’agit de la procédure nécessaire pour que la pétition ait un caractère officiel et que le Gouvernement bruxellois en tienne compte. Alors, si vous désirez nous aider à sauver ce bâtiment, imprimez, remplissez et faites remplir le formulaire de pétition (en suivant les instructions sur sa deuxième page) et renvoyez-le nous par la poste d’ici la fin du mois de janvier à :
Pétitions-Patrimoine, rue du Marteau 19, 1000 Bruxelles.

Merci d'avance pour vos efforts.

Quelques aspects de la Salle Vermeulen :